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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
16 février 2014

2014, reprise du cours de la crise systémique globale

L'avalanche de liquidités issue du quantitative easing de la FED a permis en 2013 aux "logiques d'avant" de se réveiller : endettement, bulles, mondialisation, financiarisation...Mais il a suffi d'un léger ralentissement dans les montants astronomiques injectés chaque mois par la banque centrale américaine pour que la crise rampante, enfouie sous ces monceaux de liquidités, reprenne ses droits. La méthode consistant à "résoudre" la crise en accentuant les excès qui l'ont causée est inopérante, provoquant au contraire une crise au carré. On peut y trouver tout de même un avantage réel : elle permet de gagner du temps que tout le monde utilise au mieux.

Tout au long de l'année 2014, nous allons à nouveau assister au déploiement "normal" de la crise systémique globale, phase de transition majeure entre deux systèmes d'organisation mondiale, une crise historique qui va bien au-delà d'une crise économico-financière, on commence à le voir clairement. C'est pourquoi aux côtés des graves dangers pesant sur les bourses, les banques, l'immobilier et plus généralement l'économie, l'ordre du jour comprend également l'amplification de la colère des peuples et du rejet des systèmes politiques en place, l'aggravation des tensions géopolitiques et le repli des blocs sur eux-mêmes.

La courroie de distribution  de renouveau de la crise est mue en premier lieu par le taper (réduction du programme de QE de la FED) qui a immédiatement entraîné les secousses que l'on sait sur les monnaies émergentes. Outre l'impact néfaste que cela a sur l'économie mondiale, ces chocs vont provoquer en effet boomerang sur les Etats-Unis et enclencher pour finir l'engrenage de la dévaluation massive du dollar, destabilisant tout ce qu'il reste de l'ancien système dont il est le pilier.

Derrière la décision de la FED d'arrêter progressivement son programme d'assouplissement quantitatif se cachent plusieurs réalités. La première est évidemment son inefficacité envers l'économie réelle et surtout les risques de plus en plus grands qu'il fait courir en créant bulles et addictions diverses, et en distordant toute la capacité d'appréhension de la réalité. La deuxième tient sans doute à la volonté de "montrer" que la situation s'améliore et que la FED peut se désengager sans risque. La troisième est moins avouable : consciente de l'addiction créée en 2013 des pays émergents envers les liquidités de la FED, son annonce ne pouvait manquer de faire trébucher ceux-ci. Ils font donc maintenant les gros titres de la presse économique, tandis que la situation américaine passe au second plan.

Qui se rappelle que le Porto Rico est en train d'exploser (comme anticipé par LEAP2020) ? Ou que Chicago ne se sort pas de ses dettes, (Chicago Tribune du 05/02/2014) ? ou que les foodstamps, pilier de l'aide sociale américaine, continuent d'être rabotés alors que de plus en plus de ménages en dépendent. (Mesure adoptée en catimini derrière le succès affiché de la réforme des aides agricoles) ? Ou enfin que la pauvreté infantile atteint des niveaux difficilement imaginables pour un pays prétendu développé ?

Le quantitative easing de la FED a eu pour conséquence une surabondance de liquidités sur les marchés financiers qui sont allés investir cet argent là où de vraies dynamiques productives fournissent des opportunités d'investissements et de fructification : dans les pays émergents. Cette inondation d'argent facile a soutenu artificiellement la croissance de ces pays, qui aurait dû être moins élevée en ces temps de crise. Pis, en 2013, cela a provoqué un regain de "logiques du monde d'avant", avec au programme re-financement, ré-endettement, ré-addiction au dollar, ré-intrication de la planète, re-mondialisation effrénée ignorant les intérêts des populations (fournissant par exemple un ballon d'oxygène aux fastidieuses négociations des traités de libre-échange trans-pacifique TPP et transatlantique TTIP), etc.

Cette absorption de dollars par les seuls pays ayant une croissance suffisante pour pouvoir les utiliser explique en grande partie l'absence de dévaluation du dollar ou d'inflation aux Etats-Unis malgré la politique de la FED : la dévaluation qui aurait dû aller de pair avec une telle création monétaire, a été absorbée par le dynamisme économique du reste de la planète.

Mais quelque chose a fait que la FED ne pouvait plus continuer. Probablement le fait que pour avoir un quelconque impact sur l'économie américaine, les quantités d'argent créé auraient dû augmenter constamment, ce que de plus en plus de monde dans les cercles de la FED elle-même renâclait à faire. Rester au même niveau de 85 milliards de dollars par mois, correspondait de fait à un ralentissement. Dans ce cas, autant rétrograder et tenter de sortir du piège.

Depuis début janvier, la FED a ainsi réduit de 10 milliards de dollars le rythme mensuel de ses achats, et à nouveau de 10 milliards début février, soit à présent des achats de 30 milliards de titres hypothécaires et 35 milliards de bons du Trésor par mois. Or cette baisse du soutien signifie que le quart de "l'aide" indirecte aux pays émergents s'est envolée...il est donc logique que l'activité économique de ces pays baisse, et par conséquent aussi leur monnaie.(ainsi le taux des monnaies émergentes n'est pas relatif aux mouvements du dollar mais à une réalité économique).

C'est là que commence l'effet boomerang. Premièrement, les investissements occidentaux dans les économies émergentes valent d'autant moins que la monnaie se dévalue, donc une part des actifs des investisseurs a bel et bien disparu, provoquant une forte tension sur les marchés financiers. Mais, plus important, pour enrayer la baisse de leur monnaie, les banques centrales des pays émergents vendent leurs réserves de dollars pour racheter leur propre monnaie sur les marchés. (monnaie qu'ils avaient dû vendre en masse, en 2013, pour faire face à la dévaluation de fait du dollar qui faisait monter les autres monnaies et risquait de ralentir les exportations), Par exemple, dans ce genre de période la Turquie, l'Inde, le Brésil , l'Indonésie entre autres, se délestent chacun de l'ordre de dizaines de milliards de dollars par mois;

Cela signifie que d'acheteurs de dollars, les émergents sont devenus vendeurs. Les seuls capables d'absorber les dollars excédentaires les rejettent maintenant. La FED et le Trésor continuent d'inonder la planète de 65 milliards de dollars par mois, mais plus personne n'en veut...Ou peuvent-ils s'écouler dorénavant ? Dans les quelques pays producteurs de pétrole qui vendent encore en dollar, mais surtout aux Etats-Unis bien sûr. Et que peut en faire l'économie atone de ce pays ? Pas grand chose...certainement pas autant que ce qu'en faisaient les émergents (un peu à tort et à travers il faut dire).

Extrait de LEAP2020

 

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