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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
23 juin 2014

Sapir et le déclin du dollar...(2)

Il est vrai que l'on se trouve devant une situation qui devrait finalement apparaître comme paradoxale. Il ne fait aucun doute que les événements sont désormais en route pour une réduction qui s'avérera radicale du rôle du dollar, qui se fera dans la pression des crises politiques, des frustrations, des manoeuvres, etc.., autour de points de tension qui recèlent les plus grands risques d'explosions et de conflits.

La chonologie de l'histoire très récente des trois derniers mois montrent évidemment que c'est un événement politique , - et nullement financier ou monétaire, voire économique - qui a précipité ce qui doit devenir, sans aucun doute, la crise du dollar avec la perte de son statut privilégié de monnaie de réserve répandant son diktat impératif dans les relations internationales. Sans la crise ukrainienne, en effet, de telles manoeuvres et une telle résolution politique (chez les russes essentiellement) n'auraient sans doute pas été possibles. Il a fallu un événement déstabilisant, avec la menace de pressions encore plus destabilisantes, sinon destructurantes, (la menace des sanctions), pour conduire sinon forcer le pouvoir russe à lancer sa conversion ouvrant la voie à une dynamique de réduction sinon de dissolution de la position privilégiée du dollar.

Nous écrivons "pour conduire sinon forcer.." , parce que nous pensons qu'en l'absence d'une crise d'une telle intensité que l' ukrainienne, la Russie n'aurait pas choisi la voie qu'elle a choisie, de crainte de paraître trop dans une posture de confrontation avec ses "partenaires" du bloc BAO, des USA. Le système de l'américanisme, dans son aveuglement habituel, ne mesurera jamais la position de sûreté qu'il a perdue en poussant la Russie à la confrontation, notamment depuis le réélection de Poutine et, ouvertement, depuis le début de la crise ukrainienne. Le système de l' américanisme n'a jamais compris durant toutes ces années, qu'il avait, avec Poutine, un centriste ouvert à une coopération équilibrée, dont l'ambition n'était nullement de défier le Système, voire de chercher à le frapper. Mais on ne peut attendre la moindre finesse dans le jugement d'un système, celui de l'américanisme, dont on peut dire sans crainte d'être démenti que " la seule chose qu'il attend de la Russie, c'est que la Russie n'existe plus" (Phrase fameuse de Leonid Chebarchine, ancien chef des SR russes).

Il nous semble par conséquent que l'épisode montre bien l'orientation décisive qu'ont pris les événements depuis la grande rupture de l'automne 2008. Il avait été alors question de la mise en cause du dollar, d'une façon assez tranchée et pourtant sans le moindre résultat, sans le moindre réaction côté US, sans aucun suivi du côté des accusateurs (les chinois, mais aussi d'autres pays de même tendance, comme le Brésil de Lula).

Voire à ce sujet mon article sur canalblog.com/cf/my/index.cfm= 1219397 du 06/04/2014 :  réforme du système monétaire international.

L'épisode avait finalement montré que la question du dollar, comme toutes les questions concernant la structuration financière et économique du monde sous l'influence du bloc BAO/USA, c'est-à-dire du Système, étaient de l'ordre du politique et nullement dans les catégories apparemment impliquées (finance, économie etc..), et encore dans l'ordre du politique lorsque les situations principales et ontologiques sont en jeu, - comme dans le cas de la Russie aujourd'hui - . L'épisode montre la puissance de la structure existante, autour du dollar et des autres arrangements dans d'autres domaines, structure qui renvoie au Système et qui présente la particularité d'impliquer les intérêts et la situation de ceux-là même qui pourraient s'y opposer, dans une position à la fois de victime et de complice, et cela expliquant que les tentations pour desserrer l'étau en restant dans les domaines concernés ont jusqu'ici échoué ou même n'ont pas été sérieusement envisagées. La situation est différente, presque renversée, si l'on passe aux domaines fondamentaux. Il fallait un évènement de rupture fondamentale, de l'ordre du politique le plus haut, et c'est ce qui s'est imposé avec la crise ukrainienne.

Si le statut du dollar doit effectivement être réduit dans une sorte de dissolution diffusée par l'élargissement du rôle d'autres devises, cette opération ne se fera pas "en douceur", loin de là et même au contraire. Les USA n'accepterons jamais d'être dépossédés de leur statut de puissance hégémonique et dominatrice, - ils le manifestent déjà en affirmant leur "exceptionnalité" au moment où ce qu'il leur reste d'exceptionnel est l'accumulation de fautes et d'erreurs réduisant à une très grande vitesse les restes de leur position qui fut effectivement exceptionnelle dans le domaine arbitraire de leur hégémonie. (On a vu ce qui s'est passé avec Sadam Hussein qui voulait vendre le pétrole dans une autre devise que le dollar, il en est de même pour Khadafi..).

C'est de ce point de vue qu'il est logique d'attendre des réactions furieuses et absolument irrationnelles de leur part, et c'est en cela que la crise ukrainienne est extrêmement dangereuse et elle-même exceptionnelle; elle ménage l'alternative qu'on a déjà vu, entre la fonction de cause opérationnelle d'un conflit au plus haut niveau, et celle de détonateur de la phase finale de l'effondrement du Système. Il s'agit toujours de la même tendance américaniste, suivant l'équation du Système sur-puissance-autodestruction, cette tendance conduisant effectivement aux deux termes de l'alternative entre la domination hégémonique et l'emportement irrémédiablement suicidaire.

(Toujours la fameuse citation de Lincoln en 1838, qu'il faut toujours garder en mémoire parce qu'elle montre que le futur président, s'il était un grand politique, était d'abord un fin psychologue des événements à venir : " A quel moment, donc, faut-il s'attendre à voir surgir le danger ( pour l' Amérique) ? Je réponds que, s'il doit nous atteindre un jour, il devra surgir de nous-mêmes...Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d'hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant").

 source : Dedéfensa

 

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