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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
25 juin 2014

La Russie, le droit international et la terreur en Ukraine (1)

Par Dedéfensa

Pendant ce temps (pendant que la crise irakienne réactivée en phase 2.0 où 3.0 développe son propre lot de désordre et de terreur), la campagne humanitaire et "anti-terroriste" de Kiev poursuit son activité dans l' Ukraine russophone. ( un article du site Voltairenet.org parle d'un projet officiel de nettoyage ethnique en Ukraine par Andrew Korybko).

Comme toujours dans ces agressions-Système , l'intitulé de l'acte signifie le contraire de ce que produit l'acte, selon l'inversion coutumière, et la campagne "anti-terroriste" se développe comme une "campagne de terreur" essentiellement contre les populations civiles. La situation humanitaire est tragique en Ukraine russophone, tandis que les actes commis par Kiev relèvent des crimes de guerres,voire pire. C'est l'avis de Karine Bechet-Golovko, française spécialisée en droit russe, professeur invité à la faculté de droit de l' Université d' État de Moscou (Lomonossov), dont il est question dans ce bloc-notes;

" Ce sont des crimes de guerres, au minimum. Certains commencent à parler de génocide. Et tout cela se passe dans le plus grand silence de l' Occident. Nous sommes coupables aussi en nous taisant. Il faut en parler, il faut diffuser l'information. Car on tue plus facilement dans le silence et quand la lumière est éteinte".

Bechet-Golovko, qui édite le blog RussiePolitics, est interviewée par la Voix de la Russie sur la question de la position juridique de l' Ukraine par rapport aux événements en Ukraine russophone, et à la campagne de terreur conduite par l'armée ukrainienne et ses divers appendices. Il se trouve qu'il existe d'ores et déjà un cas intéressant avec le dépôt d'une plainte de l' Ukraine devant la Cour Européenne des Droits de l' Homme (CEDH)...On reproduit ici la partie de l'interview qui concerne cette question spécifique.

La voix de la Russie : "Mais pourquoi la Russie n'intente (t-elle) pas une action en justice ?"

Karine Bechet-Golovko : "...Ironie du sort, c'est l' Ukraine qui a porté plainte contre la Russie devant la CEDH sur le fondement de l'article 33 de la Convention européenne, c'est-à-dire un recours inter-étatique. Ce type de recours permet aux États membres de la Convention de faire trancher un différent par la Cour. Il fut très peu utilisé, 16 recours en tout depuis sa création il y a une soixantaine d'années . Les États eux-mêmes n'aiment pas trop y recourir, car cela met sur la place publique un différend, ce qui n'est pas très bon pour leur image. La Cour elle-même n'en raffole pas, car les questions sont très souvent politisées et aucune juridiction n'a intérêt à trop entrer sur le terrain politique voire géopolitique".

La voix de la Russie ;"Et que voulait l' Ukraine?"

Karine Bechet-Golovko :Juste avant le référendum en Crimée, elle voulait utiliser la CEDH pour se faire reconnaître comme victime des actions de la Russie sur son territoire. Elle a donc porté plainte contre la Russie et demandé à la Cour de prendre des mesures provisoires pour protéger sa population contre une menace armée russe pouvant porter atteinte aux droits à la vie et à la santé des citoyens ukrainiens. De cette manière, Kiev s'attendait à ce que le référendum se passant mal, la Russie soit obligée de recourir à la force et ainsi de violer la décision de la CEDH . Or, le référendum s'est très bien passé, dans le calme et la liesse populaire, la Crimée est entrée dans la Fédération de Russie et l' Ukraine se retrouve avec cette décision sur les bras".

La voix de la Russie :  "Et que dit cette décision ?"

Karine Bechet-Golovko :" Le 13 mars 2014, le jour même de l'introduction de la requête, la CEDH, sur demande de l' Ukraine, prend une décision qui ne satisfait que très partiellement les demandes techniques de l' Ukraine et politiquement la met dans une situation très délicate. Imaginez un peu la situation. C'est l' Ukraine qui dépose le recours contre la Russie et la Cour exige des DEUX parties qu'elles ne prennent aucune mesure, notamment militaire, pouvant porter atteinte aux droits à la vie et à la santé de la population ukrainienne. Aucun mot sur la Crimée. L'Ukraine n'est pas reconnue victime, mais partie potentielle au conflit sur son propre territoire.

Comme la Crimée part en douceur, la Russie n'est plus concernée par les suites de cette décision. Mais l' Ukraine l'est aujourd'hui à plus d'un titre. En mettant en oeuvre ce qu'elle appelle pudiquement une opération "anti-terroriste", en tuant des civils, en utilisant l'aviation, les chars, les bombes, les lance-roquettes, contre son propre peuple, l' Ukraine, au minimum viole l'application de la décision de la CEDH qu'elle a elle-même appelée de ses voeux. Il serait intéressant pour la Russie d'utiliser cette voie de recours qui est déjà ouverte pour faire reconnaître par une Cour l'existence de ces violations."

La voix de la Russie :  " La CEDH le ferait-elle ?"

Karine Bechet-Golovko :  " C'est difficile à dire. juridiquement, il y a le précédent Irlandais contre le Royaume-Uni qui a été reconnu coupable par la CEDH de violation de l'article 3 et convaincu de traitement inhumain et dégradant contre les irlandais pour les faits commis en 1971 sur le territoire irlandais. En ce qui concerne l' Ukraine, soit la CEDH reconnaît qu'un État a le droit de massacrer son peuple, soit elle peut reconnaître la responsabilité de l' Ukraine. Sans pour autant prendre des mesures contraignantes, ce qu'elle pas fait contre la Grande Bretagne,elle peut conduire, par une pression politique, à un apaisement.

Par ailleurs, cela donnerait plus de poids à la Russie lors des réunions du Conseil de sécurité de l" ONU. En ce qui concerne la position américaine, j'ai peur que rien ne puisse faire dévier J. Psaki (le porte-parole du département d' Etat)...Et  la "machine de propagande russe" n'y est ici pour rien. La position des Etats-Unis est indéfendable, elle ne peut pas le défendre de manière convaincante".

La question qui vient très vite dans l'entretien est de savoir pourquoi la Russie, qui est continuellement mise en cause comme agresseur et fautif essentiel dans les troubles en Ukraine, n'intente pas une action contre l' Ukraine devant la justice internationale, pour l'activité de ce pays contre ses propres populations russophones de la partie Sud-Est. Le début de la réponse de Bechet-Golovko à cette question (" Mais pourquoi la Russie  n'intente pas une action en justice"?  ) dit ceci : "Il est vrai que la Russie ne semble pas avoir l'habitude dans ces affaires, elle est plus généralement sur la défensive. On la met toujours dans le rôle du coupable qui doit toujours se défendre, il semblerait que ce soit devenu un réflexe.." Puis Bechet-Golovko enchaîne, orientant ainsi le sens de son discours vers le comportement international à l'encontre da la Russie :" et la crise ukrainienne ne fait pas exception à la règle, la Russie est montrée comme le responsable de la crise".

La voix de la Russie :"Pourquoi animer un blog sur la Russie?"

Karine Bechet-Gorlovko : " L'information concernant la Russie est traitée de manière inacceptable pour une société qui se veut démocratique. Il semble que chacun ait oublié que la démocratie, dont nous parlons sans cesse, implique la possibilité non seulement d'exprimer des opinions différentes, mais aussi l'obligation pour l' Etat de donner les moyens de se former une opinion. Cela implique la garantie d'une réelle liberté de la presse. Et au-delà de la possibilité de s'exprimer; il faut que les choix fait par les citoyens aient des implications dans la politique du pays. Or manifestement, en France, nous coupons maintenant les possibilités de s'informer, donc nous limitons et manipulons les choix qui sont fait au peuple. Quand cela n'est pas intéressant, tout simplement, on n'en parle pas. Et quand on ne peut le cacher,, on déforme. D'où l'intérêt de tenir un blog cherchant à développer un autre discours sur la Russie, un discours réellement indépendant.

 

 

 

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