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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
5 septembre 2014

scission européenne d'origine démographique ?

Source : les Echonoclastes

La rentrée européenne a sonné, et ne se présente pas sous les meilleurs auspices (c'est le moins qu'on puisse dire) au regard des deniers indicateurs qui ont ravivé les craintes de déflation en zone euro. Malgré les efforts de Mario Draghi qui a orchestré une nouvelle baisse des taux cet été, puis ce jeudi 4 septembre (le taux court est de 0,05%), la crise de la zone euro fait sa réapparition sur le devant de la scène...(la couverture du The Economist du 30 août au 5 septembre : That sinking felling again) - comprenez : "Ce sentiment de naufrage (encore), l'Europe pourra-t-elle compter sur la coopération historique du couple franco-allemand pour éviter de chavirer ?

Entre les deux grandes zones économiques du Vieux Continent, un dialogue constructif semble de plus en plus difficile à instaurer. Faut-il y voir une différence culturelle ou politique entre les deux pays jouxtant le Rhin ? Pas uniquement selon les Echonoclastes. Ces difficultés de plus en plus fréquentes sont également le fruit d'une divergence dans la structure démographique des deux populations.

En effet, il faut savoir que l' Allemagne n'a pas un temps d'avance sur la France qu'en ce qui concerne la richesse créée ou les exportations : elle tient également la corde sur le sujet du vieillissement de sa population. La hausse de l'âge médian dès les années 2000 (passé de moins de 40 ans en 2000 à plus de 44 ans en 2010) explique ainsi le train de réformes mis en place par la première économie européenne avant tout le monde...En réalité, l'augmentation naturelle du besoin de dépenses publiques liée au vieillissement de la population allemande (santé, retraite) rendait insoutenable le modèle de société du pays dès 2005. La France n'a pour le moment pas eu à subir une telle accélération de son vieillissement, ce qui explique la relative résilience de son modèle de développement jusque là.

Le pire est toutefois à venir en termes de dislocation de la zone euro sur le plan de la démographie : d'ici 2030, 6 années sépareront l'âge médian de la France ( avec 42 ans) de celui de l' Allemagne, de l' Italie et même de l' Espagne (avec respectivement 49 ans, 50 ans et 48 ans). Or une population "vieille" est une population naturellement averse au risque et rentière ( à savoir qu'elle comprend en son sein une cohorte de séniors inactifs importante), dont l'ennemi numéro un est l'inflation, (qui détruit la rente et redistribue les cartes au profit des producteurs).

En conséquence, ce type de population privilégie naturellement une monnaie forte, arme réputée être la plus efficace pour étouffer l'inflation. L'expérience japonaise de ces  dernières années conforte d'ailleurs ce constat relativement intuitif. Une population plus jeune doit quant à elle rester productrice : elle "aime" naturellement l'inflation car elle allège la dette nécessaire à l'investissement, préalable indispensable à la production. Ce type de population milite pour une monnaie faible, permettant de rester compétitif à l'échelle internationale.

Dans ces conditions, on comprend aisément pourquoi la dislocation en terme d'âge entre la France d'un côté, et l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne de l'autre provoquera des tensions de plus en plus fortes au sujet de la politique monétaire à suivre pour la zone euro...cela ne facilitera évidemment pas la tâche de la BCE, qui doit se préparer à de sérieux remous dans les années à venir.

Pierre Sabatier

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