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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
29 juin 2014

Hugo, au poteau !

Un vent de fronde souffle parmi les candidats bacheliers : une pétition est lancée contre le problème de maths, jugé trop difficile.

Cedric Villani (titulaire de la médaille Fields en 2010),  répond en disant que :

" les maths sont une discipline, la forme du raisonnement est délicate.Cela demande des efforts de raisonner juste. Et cela demande du temps"...

et de poursuivre :

"Cela a été très mal géré par l'éducation nationale depuis ces dernières décennies. En pensant qu'en diminuant les moyens humains, et les difficultés, cela allait être plus facile. On s'est trompé. En maths, c'est avoir du temps qu'il faut pour laisser les professeurs faire leur exercice. Cela ne sert à rien de savoir appliquer une formule de corrélation statistique si l'on n'a pas compris à quoi cela sert".

Il réclame au passage, du temps pour les enseignants. Mais aussi que l'on s'attelle à leur recrutement.

"Au dernier capès de maths la moitié des postes n'ont pas été pourvus. Il faut faire confiance aux enseignants, sans le contrôle de l'inspection qui est archaïque. Sans ce système infantilisant de points pour l'affectation des enseignants. Accorder plus de confiance aux acteurs humains du système"

Certains élèves de première quant à eux protestent haut et fort contre le choix du texte soumis à leur commentaire pour l'épreuve de français :

le magnifique Crépuscule de Victor Hugo.

Il en est même qui sont allés jusqu'au bout de leur vindicte en envoyant audit poète des menaces de mort sur internet...Si l'esprit du père Hugo flotte encore quelque part, est-ce qu'il en rit ou est-ce qu'il en pleure dans sa barbe, lui, le révolutionnaire qui voulait mettre un bonnet rouge au dictionnaire ?

Il y a quelques années déjà, un enseignant en lettres confiait hésiter à faire travailler ses élèves sur des textes antérieurs à la fin du XIXe siècle, parce qu'ils ne comprennent pas la langue, qu'ils jugent archaïque. (Quand on se souvient du cours moyen où l'on découvrait Ronsard, du Belay, Lamartine, Verlaine et Hugo...) et des grands-mères qui souvent n'avaient pas de certificat d'études mais qui récitaient des fables de La Fontaine et en commentaient doctement les morales..)

Aujourd'hui , on en finirait plus de disserter sur les lacunes de nos adolescents, bacheliers compris. En voici juste deux exemples :

" Je vais faire un exposé sur le secteur d' Amiens, dans la région Aquitaine" , annonce un étudiant en géographie. En histoire, c'est un candidat invité à plancher sur l'oeuvre de Michel-Ange, qui pond cinq lignes définitives sur l'apport considérable de Mickey l'Ange . La Sixtine revue par Disney, il fallait y penser...Ils n'en sont pas tous là, heureusement, mais force est de mesurer le fossé qui se creuse entre notre culture et le peu qu'en saisissent tant de nos petits-enfants.

A qui la faute ?

A des familles trop laxistes qui renoncent à donner le goût de l'effort à leurs enfants? A des enseignants impuissants à les intéresser ? A internet ? Le plus gave ce ne sont pas ces lacunes, mais la difficulté qu'éprouvent nos jeunes à réfléchir par eux-mêmes, avec deux doigts de bon sens et en faisant fonctionner leurs méninges.

"Instruire, c'est former le jugement" disait Montaigne. Les connaissances, on peut les acquérir à tout âge et par toutes sortes de moyens, mais l'aptitude à la réflexion personnelle, c'est une infirmité qui vous poursuit toute la vie et vous conduit à faire confiance au premier batteur d'estrade venu, dès lors qu'il flatte vos idées préconçues et vos réactions épidermiques.

Sachez donc, jeunes gens, qu'apprendre, ce n'est pas recracher un cours appris par coeur ni faire des copies-coller avec des extraits de Wikipedia. Comment peut-on à 18 ans, vouer aux gémonies un poète qui vous dit : "Aimez, vous qui vivez. Aimez-vous la nuit tombe! "

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