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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
18 juin 2014

La grande re-configuration géopolitique mondiale

D'après GEAB (15 juin 2014)

En Novembre 2013 la Russie avait demandé à l'UE une négociation tripartite sur les accords de libre-échange de l' Ukraine avec ses deux voisins dans le but de trouver les terrains d'ententes à toutes les parties directement concernées, il en allait de la stabilité, de l'intégrité et de l'indépendance de l' Ukraine et qu'elle puisse demeurer le lien naturel qu'elle est entre l' Europe et la Russie. Mais ni Mme Ashton, ni M.O'Sullivan, en charge du Service d' Action Extérieur de la Commission européenne, SAEC,(ni donc M.Barroso), pas plus que M.Fule qui du haut de la DG Élargissement passe son temps à essayer d'intégrer tout ce qui bouge à l' Est de l' Europe (la Georgie aussi !), ne voulaient de cela .

A l'inverse, ils ont obligé l' Ukraine à "choisir son camp" (Le Monde du 05/03/2014), créant ainsi les conditions à la suite inéluctable d'événements que l'on sait : l' Ukraine a en effet choisi...et le pays, en toute logique, est entré dans un dramatique et sanglant processus de division dont nous ne sommes qu'au début. Mme Ashton et M.O'Sullivan (du SAEC) ont littéralement tendu un piège à l'Ukraine...et à l' Europe, de sorte que les conditions d'un sursaut sont beaucoup plus évidentes dans le reste du monde.

Ainsi l'on peut se pencher sur les conséquences de l'accélération de toutes les tendances structurantes du  "monde d'après"(1) qui sont à l'oeuvre depuis longtemps.

(1) En référence à l'expression introduite par Franck Biancheri dans son livre  : " Crise mondiale : En route vers le monde d'après" , Editions Anticipolis 2009

Au terme de près de 6 ans de blocage de l'évolution normale de la transition systémique, blocage provoqué par une inondation de dollars ayant abouti à un regain artificiel d'addiction planétaire à la monnaie américaine, l' Histoire reprend son cours. C'est que durant ces 6 années, il ne s'est rien passé.

D'une part, les États-Unis ont échoué à relancer leur économie (désormais rendu visible par le - 1% de croissance américaine publié à la fin du mois de mai ( source : Wall Street journal 29/05/2014) et la situation réelle des américains n'a fait que s'aggraver (endettement privé..., retraites .., villes...)

D'autre part, les pays émergents ont utilisé..;et contribué à créer ..cette "pause" pour se préparer aux étapes ultimes et inévitablement douloureuses du parachèvement de la crise dont nous nous approchons désormais.

La crise ukrainienne et l'agression caractérisée contre les intérêts légitimes de l'un des principaux acteurs du monde multipolaire émergent, la Russie, ainsi que la tentative d'annexion de l'Europe par les États-Unis ont sifflé la fin de la partie. Le monde entier a enfin compris que les États-Unis étaient à bout de souffle, qu'ils étaient désormais dangereux et qu'il devenait urgent de passer à autre chose.

D'ailleurs, certains n'avaient plus d'autre choix, à commencer par les russes qui se voient obligés à poser les fondations d'une vaste re-configuration géopolitique mondiale en signant le fameux accord gazier avec la Chine...cette nouvelle route de l'énergie qui change tout. (Bien sûr, ils sont probablement gagnant dans cette évolution, néanmoins, c'est l'escalade de tensions avec l' Occident qui les a amenés à conduire un accord qui était en cours de négociation depuis longtemps, en acceptant les conditions tarifaires imposées par les chinois).

On peut ainsi examiner les ressorts et les caractéristiques de cette grande re-configuration sur trois régions notamment : Asie, Moyen-Orient et Europe, et en voir les pistes de réflexion sur la nécessité qu'il y a à penser les relations inter-régionales de demain.

Asie - Ce qui change l'accord gazier russo-chinois

Tout d'abord, cet accord qui prévoit la mise en route du gazoduc dès 2018 rend extrêmement concurrentiel le gaz russe dans toute l' Asie qui dépendait jusqu'alors d'approvisionnements de gaz liquide par containers maritimes (LNG), dont les coûts de transport tirent les prix vers le haut. Il n'est guère étonnant dès lors que le Japon passe outre ses réticences diplomatiques et se rapproche des russes et des chinois dans l'espoir d'obtenir d'eux une petite extension du pipeline vers son archipel. (source : Reuter 07/06/2014). Depuis Fukushima et l'arrêt de toutes les centrales nucléaires, le Japon voit sa balance  commerciale plonger dans le rouge en raison des importations énergétiques. Un gaz moins cher serait évidemment le bienvenu..(source : Financial Post 21/05/2014).

Pour toute l' Asie, l'arrivée d'une ligne directe russo-chinoise de gaz permet de renégocier à la baisse les prix avec d'autres fournisseurs ( Canada, Quatar). Mais les prix du gaz brut étant indexés sur ceux du pétrole, les deux seules possibilités de dégager des marges de manoeuvre consistent à baisser les coûts de transport ou d'acheminer du gaz non conventionnel (de schiste). Sur le premier point, les réductions à réaliser ne suffiront probablement pas à passer sous les prix du gaz russe sans mettre tout le secteur en crise...quant au second point, d'une part le mirage des gaz de schiste commence à se dissiper...et, d'autre part, il n'est exportable que dans le cadre d'un partenariat de libre-échange...

Ces deux derniers points expliquent l'hyperactivité constatée en Colombie britannique depuis quelque temps : accélération de l'activité de forage schisteux et programmation de 10 terminaux LNG...sachant que la Canada négocie depuis mars 2012 un accord de libre-échange avec le Japon...qui a semblé sur le point de se concrétiser en mars dernier, dans la foulée de celui qui venait d'être signé avec la Corée du Sud...mais de facto, de même que le Japon traîne des pieds à signer le TPP avec les américains...des grains de sables semblent s'être glissés dans les rouages de la négociation canado-japonaise. Le fait est que, malgré tous les efforts des canadiens pour doubler le gazoduc russo-chinois, le plus rapide des pétroliers ( Pétronas) ne sera pas prêt à approvisionner le Japon avant 2019, soit un an après les russes.

A l'inverse de cela, il est intéressant de noter que les ambassadeurs vietnamiens auprès de l' UE et de la Belgique sont russophones ! Et, sur le plan culturel, les vietnamiens sont tout de même plus proches des chinois que des américains...frères ennemis bien sûr, mais combien de temps dès lors que la Chine se comporte en puissance pacifique et économiquement attirante ?

Quant aux Philippines, on a appris récemment qu'elles signaient un accord de protection militaire avec les américains...A y regarder de plus près, elles n'autorisent en réalité à aucune base militaire étrangère de se réinstaller sur leur territoire, car c'est tout simplement anticonstitutionnel ...Les américains auront donc uniquement la possibilité d'utiliser les bases philippines en cas d'agression du pays, et à des fins de formation du personnel militaire philippin, et en tout cas, toujours à la demande expresse du gouvernement...Par ailleurs, les américains ont obtenu ce maigre avantage en échange de contribuer à mettre fin à la rébellion des Moros. Renforcement militaire philippin, stabilisation du pays...et si c'etaient les philippins que utilisaient les américains et non le contraire ?

Trois giga-puissances au coeur d'une Grande Asie, deux puissances pro-occidentales qui rentrent dans le rang et des Petits et Moyens pays asiatiques qui s'organisent en sub-régions, le tout abreuvé à la mamelle gazière russe...l'intégration de l' Asie est désormais lancée à pleine vitesse...

 

 

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Commentaires
M
Bonjour, <br /> <br /> Je vous remercie pour cet article. C’est vrai que la situation n’a pas vraiment changé depuis la crise. En tout cas, je ne vois aucun changement positif d’un côté global.
Santé économique et financière dans les pays occidentaux
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