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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
26 novembre 2016

La Mondialisation : avis de régression

Source : Yann FIEVET

La Conférence des Présidents du Parlement européen a décidé le 17 novembre dernier de refuser à deux commissions du dit parlement le droit d'examiner le CETA, l'accord de libre échange EU/CANADA. Cette décision est sans précédent.

Depuis des semaines, les représentants de la droite, des libéraux et des sociaux-démocrates faisaient tout leur possible pour étouffer le débat sur le CETA, manoeuvre après manoeuvre. Avec cette décision, la boucle est bouclée : il n'y aura pas d'espace au Parlement européen pour empêcher d'autres commissions de se pencher sur l'accord, et d'étudier le texte sous d'autres angles : environnement, agriculture, démocratie, consommation, etc.

Lors de la même réunion de la Conférence des Présidents, il a aussi été décidé de ne pas d'une motion défendue par plus de 80 députés de toutes couleurs politiques, sur la légalité des dispositions de protection des investissements du CETA,. Ces scandaleuses décisions montrent à quel point les fanatiques du libre-échange, y compris sociaux-démocrates, ont une peur bleue du débat sur le contenu de ce traité. Qui a dit pourtant que la démocratie c'est le débat ?  Et l'on s'étonnera que les peuples n'y croient plus !

A chaque année qui passe les espoirs d'une "mondialisation heureuse" s'éloignent. Certes, seuls les hommes les plus naïfs et ceux qui avaient intérêt à leur faire croire à cette fable grossière usaient ces dernières années de cet adjectif collé à un processus mortifère puisque orchestré par "les nouveaux maîtres du monde" contre les "multitudes". Partout , les possesseurs du capital exploitent de manière éhontée puis jettent sans vergogne des "flux" de main-d'oeuvre qui viennent alors grossir les rangs des outsiders. Partout, une économie de dévoration ravage les écosystèmes pour nourrir en "ressources" épuisables la méga-machine dont les rejets nocifs sont de plus impossibles à contenir désormais.

Partout, les fractures sociales et écologiques poussent des pans entiers des sociétés humaines vers le désespoir. Sur ce terreau fertile  des hommes et des femmes se prétendent de bonne volonté se font élire pour diriger à leur tour le système qui les a si bien servi jusqu'alors. Ils ne feront ensuite qu'aggraver le sort des plus humbles et renforcer celui des nantis car telle est la loi du capitalisme débridé dont ils ne songeront surtout pas à inverser le sens profond.  (62 personnes disposent d'un patrimoine équivalent à celui de la moitié la moins riche de l'humanité : 62 d'un côté, alors que 3,5 milliards, cela représente 3,5 x 1 000 x 1 000 x 1000  êtres humains, ce qui on en conviendra, dépasse l'imagination !).

La mondialisation pourrait ne pas être malheureuse. Pour ce faire il faudrait qu'elle soit conduite autrement que par la domination exorbitante des firmes transnationales dont le capital est de plus en plus concentré dans les mains de gros actionnaires toujours plus gourmands. (l'insatiable appétit des puissants). Dans de telles conditions, prôner le libre-échange comme mode dominant de fonctionnement des marchés ne peut qu'accroître les inégalités de développement tant à l'intérieur des nations que dans la confrontation des nations entre elles. La domination du libre-échange en donnant la priorité presque absolue à la dimension économique des activités humaines ne peut que favoriser l'affaiblissement progressif des normes de protection des communauté locales.

Enfin, la financiarisation exacerbée de l'économie, en renforçant toujours plus la volatilité des capitaux, ne fait que favoriser le risque de déstabilisation des économies locales rarement préparées à supporter les conséquences de décisions prises par des "donneurs d'ordres" souvent très éloignés des lieux de la production des richesses matérielles et des lieux de vie des hommes.

Une autre mondialisation basée sur le partage réel des richesses et une exacte connaissance des besoins des hommes partout où ils vivent, est éminemment souhaitable. Elle ne sera possible qu'au prix de la condamnation du néolibéralisme économique que des régimes politiques, que l'on fait encore mine de croire démocratiques, soutiennent contre vents et marées. Le changement radical n'est donc hélas pas pour demain matin !

Car demain matin c'est le populisme qui va triompher en France, comme c'est désormais le cas aux États-Unis. Pour changer les orientations profondes de la mondialisation il faudra d'abord renvoyer les hommes qui la façonnent. Albert Einstein n'avait-il pas dit : "On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont généré". Honorons cette parole par des actes.

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