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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
16 septembre 2014

Il "avait" été une fois l' Amérique (I)

Source : LEAP/E2020

Le déclin des États-Unis a été maintes fois analysé, écrit, confirmé, et pourtant, à la vue de la couverture médiatique actuelle d'une Amérique qui aurait retrouvé sa santé économique, un marché de l'emploi florissant, son rôle de modèle pour l' Europe (et le monde), un avenir énergétique en rose, une énième fois s'impose de présenter un regard clair, brutal et sans complaisance sur la réalité économique, financière, politique et sociale des États-Unis et des américains.( A l'obstination des propagandistes américanistes, il faut opposer une endurance équivalente).

Certes, les bourses flambent, mais cela n'est point un indicateur d'une société et d'une économie qui seraient sorties par le haut de la crise. Les taux record ne sont autres que les effets de la politique monétaire de l'argent facile pratiquée par la FED et l'impasse dans laquelle sont les investisseurs qui ne trouvent pas d'autres placements que les actions d'entreprises déjà sur-évaluées et les valeurs factices de la finance innovatrice. Les États-Unis s'autodétruisent et détruisent le monde en passant. Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre. Et aveugles au regard de la réalité du monde, les américains le sont effectivement.

Au Moyen-Orient, la politique américaine a laissé derrière elle un chaos géopolitique gigantesque, pratiquement sans équivalent dans l'Histoire du monde dans la mesure où toute une région se trouve à feu et à sang sans le moindre espoir qu'une force stabilisatrice puisse émerger. Le chaos risque de durer pour longtemps. Après 13 années de guerre contre le terrorisme, les États-Unis ont fini par permettre à un groupe islamique fanatique et cruel de s'installer durablement dans une région qui regorge suffisamment de ressources pour le financer et de le rendre au fur et à mesure plus puissant. En combattant le terrorisme, les États-Unis l'ont rendu plus puissant que jamais.

Il faut se rappeler l'objectif que les US s'étaient fixé en envahissant l' Irak : ils voulaient transformer la région en États démocratiques, dotés d'un bon niveau d'éducation et d'opportunités économiques. La relecture de ce plan initial, tel qu'il avait été présenté par les néo-con à l'époque, laisse perplexe devant un tel degré de naîveté et d'obstination à vouloir écarter toute part de réalité qui ne s'accommodait pas à l'époque avec le monde comme ils voulaient qu'il soit. Et la presse américaine marchait au pas, même si le New York Times s'était plus tard excusé de ne pas avoir fait son travail de presse indépendante en amont de l'invasion en Irak.

Non content d'avoir destabilisé le Moyen Orient, les États-Unis s'efforcent aujourd'hui de destabiliser l' Europe dans une région qui, après ka chute du Mur de Berlin avait trouvé une paix stable et sereine sur un terrain de tous les dangers. La crise ukrainienne trouve sa cause dans une politique américaine d'un endiguement de la Russie qui, elle, trouve son point de départ et son inspiration dans le fameux " long telegram" de George Kennan du 22 fevrier 1946 dans lequel le diplomate en poste à Moscou faisait part de sa conviction qu'une paix avec la Russie était à long terme impossible, que la Russie ne cherchait toujours qu'à accroître sa puissance et son territoire et qu'il était donc nécessaire de mener une politique d'endiguement permanent.

Il serait profondément troublant si les personnes au pouvoir à Washington étaient incapables de saisir la différence entre une Union soviétique sous Staline et la Russie d'aujourd'hui sous Poutine, considérablement affaiblie par la chute de son état précédent, la perte de 22 % de son territoire, de 50 % de sa population et de son réseau d' États satellites (qui sont tous passés dans le camp occidental), économiquement hypothéquée par le programme économique réformateur du FMI (d'inspiration américaine), qui a fait gaspiller au pays ses richesses nationales en les privatisant au profit d'une classe oligarchique naissante et enfin encerclée par l'extention de l'alliance militaire adverse, l' OTAN, et celle du bloc économique européen jusqu'à l'intérieur de son ancien territoire (les pays baltes).

La capacité d'analyse et de compréhension des affaires du monde des responsables américains nous impressionnent en général fort peu, mais de là à imaginer que Washington ne connaîtrait pas la différence entre l' Union soviétique d'antan et la Russie d'aujourd'hui est un pas que l'on ne peut franchir. Cet objectif d'endiguement est essentiellement motivé économiquement : les responsables américains aspirent à ouvrir l'Ukraine aux produits américains, mettre la main sur son immense potentiel agricole (à une époque où la spéculation sur les produits alimentaires s'enflamme), et ses grandes entreprises, et ouvrir le marché européen d'énergie au gaz et pétrole de schiste américain.

Mais peu importe la véritable motivation : pour mener une politique d'endiguement il faut avoir ou se donner les moyens. Ceci n'est pourtant pas ou plus le cas. Le ministre de la défense Chuck Hagel a présenté des propositions de réduction des dépenses militaires ce qui, selon USNews "transformera la défense américaine en une force pratiquement méconnaissable de son ancêtre "post cold war" qui a dû supporter 13 ans de guerre au sol dans le Moyen Orient". Treize années de guerre, et quels piètres résultats : Afghanistan toujours destabilisé et toujours premier producteur d'opium au monde , un Irak où l'autorité régalienne du pouvoir central a implosé, la lutte contre un dictateur syrien, toujours au pouvoir qui a engendré un ennemi encore plus féroce, l' ISIS, que certains comparent même au terrible Gengis Khan, et l' Iran promu au rang d'allié de fait dans la région. Tout ce que les américains ont entamé en treize ans s'est transformé en véritable catastrophe. 

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