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Santé économique et financière dans les pays occidentaux
3 mars 2014

Barnier-Noyer : la séparation des activités bancaires

La confusion bat son plein à propos du projet de séparation des activités bancaires de la Commission européenne, alimentée par la tribune de Christian Noyer dans "Le Monde" , le gouverneur de la Banque de France, y réitère son opposition à ce projet, et par Michel Barnier qui le défend dans une autre tribune parue dans "Les Echos" du même jour, sous le titre " Rétablir les faits" (comme si ils avaient été déformés).

Christian Noyer lève l'étendard de la banque universelle, cher aux banques françaises, et fait valoir que les modalités du projet mettraient en danger le financement des entreprises, Michel Barnier rétorque qu'en interdisant les activités les plus risquées, l'objectif est au contraire d'inviter les banques à se consacrer au financement de l'économie.

 

Christian Noyer fait remarquer que "la finance forme un tout", que l'on ne peut scinder, et que les plus grands sinistres bancaires sont venus de banques d'affaires, pour faire valoir que les banques universelles ont mieux résisté au choc, justifiant ainsi que c'est "une illusion" de renforcer la sécurité par la séparation de leurs activités. La vivacité de la réaction du gouverneur de la Banque de France s'expiquerait-elle par la faiblesse dissimulée des banques françaises, qui auraient à tout pirx besoin du matelas financier procuré par les dépôts.  (garantis jusqu'à 100 000 euros par l' État).

 

Michel Barnier, lui, fait remarquer que les banques ne seraient pas scindées dans son projet, mais leurs activités filialisées quand celles-ci seraient considérées dangereuses par la BCE, car dépassant des seuils de risques donnés. Cela pourrait être le cas de la tenue de marché, des transactions de produits dérivés complexes et de la titrisation. Pour mémoire le rapport Liikanen commandé par la Commission avait pointé le niveau anormalement élevé des activités de tenue de marché, en tirant comme conclusion que certaines relevaient de la spéculation. On comprend sur quoi porte le débat.

Pour information voici les positions détenues en produits dérivés par les grandes banques européennes :( étude publiée par Alphavalue )

1 - Deutsche bank : 56 000 milliards de dollars

2 - BNP Paribas : 48 300 milliards de dollars

3 - Barclays : 47 900 milliards de dollars

4 - Société Générale : 19 200 milliards de dollars

5 - Crédit Agricole : 16 800 milliards de dollars.

Comparaison avec le PIB français de l'ordre de 2 000 milliards d'euros (soit 2 700 milliards de dollars) = roupie de sansonnet, par rapport au risque d'explosion d'une seule de ces banques !

Nous sommes dans la pure folie humaine !

Il est temps, comme le propose Paul Jorion depuis 2008,

d'INTERDIRE LES PARIS SUR LES FLUCTUATIONS DE PRIX

pour cela il suffit (en France) de rétablir les articles 421 et 422 du code pénal abrogés le 28 mars 1885  ( la spéculation était interdite avant 1885).

L'accord sur l'union bancaire en Europe prévoit un fonds de garanti doté de 55 milliards d'euros...dans 10 ans ! 55 milliards seulement et pour l' Europe entière, autant dire RIEN !

Une étude publiée le 17/12/2013 par le cabinet d'analyse financière indépendant Alphavalue, par des informations recuillies auprès de la BRI ( Banque des Réglements Internationaux : la Banque des Banques) révèle que la valeur notionnelle des dérivés s'élève à 963 000 milliards de dollars..! La plupart des dérivés portent sur les taux d'intérêt, tel que les Swaps et FRAs (Forward rate  agreements), pour un montant total de 561 000 milliards. Voilà la folle conséquence de la politique d'assouplissement monétaire menée depuis quelques années par les banques centrales.

C'est TERRIFIANT !

La complexité de la réforme illustre la difficulté de définir des règles de séparation des activités si l'on n'adopte pas des positions tranchées, En réalité, aucun des deux protagonistes n'aborde l'unique question qui vaut : Si des produits sont dangereux, pourquoi tout simplement ne pas les prohiber au lieu de chercher à en évacuer le risque on ne sait où ? Qu'apportent-ils et à qui ? Dans sa tribune, Christian Noyer pose une excellente question :

"Quelles sont les opérations utiles à l'économie réelle ?"

mais il la laisse sans réponse, considérant qu'elles sont toutes dans ce cas !

Il est temps que les leaders politiques interviennent !   le feront-ils ???

 

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